
Voilà une réflexion bien à propos à intégrer dans nos attitudes. Nous sommes à présent, obligés d’avoir le temps. C’est le bon moment de ralentir et d’observer comment mettre en place de nouveaux comportement pour la suite.
De l’urgence dans l’univers du bien-être ?
Les Spas et tout le monde social du wellness n’échappe pas à l’observation : que vous téléphoniez pour parler à quelqu’un dans un Spa, que vous cherchiez à joindre une personne dans une marque de cosmétiques ou à contacter un fournisseur lié au bien-être, dans 90% du temps, avec beaucoup de gentillesse, les gens me répondent : « je n’ai pas le temps ! Je suis hyper saturé d’activités en ce moment » et c’est vrai. Je le sais. Ce n’est pas un artifice de communication ou de non communication. Certaines de ces personnes sont mes amis et je connais leur charge de travail, c’est impressionnant mais c’est entré dans les mœurs : la masse d’activités est colossale.
Lorsque je vais dans les Spas, j’observe le comportement du personnel. Ils se déplacent à petits pas rapides qui donnent l’impression qu’ils sont lents et fluides et qu’ils maîtrisent la nervosité. Sauf que cela ne résiste pas à un œil averti qui sait et qui voit que c’est une manière d’aller vite avec fluidité avec aucune respiration intérieure dans le déplacement. Les gens sont comme des élastiques toujours tendus !
C’est normal me direz-vous. Le monde du travail est ainsi fait de nos jours. Ceux qui ont du travail sont sursaturés et les autres sont au chômage. Donc, chacun accepte le surmenage comme rançon d’une stabilité professionnelle.
Mais le souci, c’est que la majorité des personnes vivent dans une urgence permanente. Cela donne l’impression d’énergie, mais c’est comme un ballon toujours gonflé à saturation.
Bien évidemment, la plupart du temps cette urgence permanente va de pair avec une pression intense de la part de la hiérarchie.
Du coup la plupart ne peuvent avoir ce recul et cette vision sur les vraies importances que seuls une forme de silence intérieur et un rythme beaucoup plus lent peuvent procurer.
De la synergie entre urgence et rythmes physiologiques
Lorsque l’urgence relève du plan physique : se dépêcher pour attraper un train, ou urgence pour sauver quelqu’un en détresse ou encore pour échapper à une menace, le corps s’adapte : le cœur bat plus vite, la respiration s’accélère et se fait plus superficielle et localisée plus haut dans les poumons. La sonnette d’alarme est enclenchée, le cerveau reptilien fait très bien son travail et nous permet de nous accorder et de faire face au stress, à la menace ou à l’enjeu d’urgence. Sur le plan émotionnel dans un premier temps, il y a une sorte d’ivresse car tout est mobilisé pour faire face à la situation. Les endorphines jouent leur rôle et nous voilà dopés ! Une fois la situation maitrisée grâce à notre action, une « bouffée » de sentiment de puissance nous envahit. Tout cela est normal ! Les rythmes physiologiques se ralentissent, le cerveau reptilien et le cerveau limbique laissent la place à l’activité du néocortex et nous pouvons voir la situation ou la suite des évènements avec sagesse et profondeur.
Mais lorsque les urgences se succèdent en rafales, sans alternance, cela devient un état chronique voire pathologique. Il n’y a plus de retour à un état ressource. Les émotions deviennent turgescentes et envahissantes. L’état de stress est permanent ou presque. A brève échéance se profilent la dépression et le burn out.
Tout cela est banal dans notre société actuelle, mais on peut se poser la question de trouver autant de cas de ce type dans l’univers du bien-être.
On peut présumer que les Spas ont tous les moyens pour, non seulement faire du bien aux clients mais avoir un équilibre interne pour le personnel. C’est vrai dans certains cas où la direction a un management très bienveillant. Hélas il y a des lieux qui sont à l’opposé d’une écologie des personnes. Le Spa est passé d’un modèle artisanal à un développement industriel avec les comportements nécessaires à cette culture. Rentabilité à tout prix, méconnaissance de la sensibilité du personnel et surtout déni de l’importance d’être à l’image authentique et véridique de ce que l’on vend dans le Spa.
Des solutions… entre autres
Laissons de côté ce que tout le monde sait dans tous les domaines : prendre du temps pour soi, respirer, bien manger, pratiquer le yoga ou le sport, etc. tout le monde sait cela. Il faut juste pouvoir le faire dans des situations d’hyper-urgence permanente avec la pression maximum.
La plus grosse difficulté consiste à prendre du recul en sortant de « l’hystérie » émotionnelle. Pour cela il n’y a rien de mieux que quelqu’un d’extérieur : un coach, un thérapeute, un mentor ou une personne qui connaît bien la situation et qui n’est pas impliquée. La mise à plat de la situation avec une analyse froide des enjeux, des moyens, des contraintes et des projets.
Ensuite, dire NON à certaines choses. Sortir de la peur. Avoir le courage de perdre éventuellement. Se respecter en exprimant.
Jusqu’à quand les travailleurs du bien-être vont supporter l’insupportable ?
Jusqu’à quand vont ils trahir leur idéal qui les a fait s’engager dans cette voie ?
Parfois, il m’est arrivé de dire que le Spa était le nouveau visage de l’esclavage. Je souriais alors devant l’exagération de ma formule. Mais à force de voir des praticiens faire 10 massages par jour, et devant les tendinites chroniques dues au surmenage d’un travail manuel répétitif, devant le manque de reconnaissance de certains Spa Manager qui sont méprisées, mal payées pour un travail colossal. Devant la course forcenée à la rentabilité, j’en viens à me dire que ma formule n’était peut-être pas si exagérée.
Il n’y a pas d’autre solution effectivement que de trouver le moyen de se régénérer. La profession doit être vue globalement, la partie pour soi étant indissociable de la partie pour les autres. La stratégie d’équilibrage servant la psyché et le corps. Il y a suffisamment de méthodes toujours plus nouvelles et performantes dans les Spas pour avoir l’embarras du choix. Avoir du temps de rien est indispensable.
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