Le bonheur d’être triste – Susan Cain

La force des mélancoliques dans un monde où le chagrin est interdit

Ah ! la pensée positive et l’injonction au bonheur ! ces modes d’être sont-ils si positifs que cela ? On nous en rebat le cerveau et le cœur à longueur de temps sans nous laisser vivre la tristesse, la mélancolie ou simplement des états naturels de mal-être comme le deuil ou le blues. Susan Cain, au contraire, nous éclaire sur le côté riche et puissant de ces émotions qui recèle un véritable pouvoir et une ouverture sur une authenticité riche de nous-même. Le livre est émaillé de témoignages divers, à commencer par le psychiatre Christophe André qui a écrit la préface, tous expriment à quel point ils ont eu la sensation que le livre a été écrit pour eux, tant ils s’y reconnaissaient. Je n’ai pas fait exception à la règle. Ce livre m’a permis de me réconcilier avec ma propension à vivre des états mélancoliques qui très souvent me conduisent à des situations de créativité, des intuitions de transcendance, ou d’introspection spirituelle et philosophique.

Le paradoxe est que non seulement la tristesse et la mélancolie sont fécondes lorsqu’elles arrivent dans notre vie, mais elles sont désirables car, dit Christophe André, « elles dévoilent un univers auquel nous ne sommes habituellement pas attentifs ». Tout cela n’est pas simple car chacun d’entre nous a des couches de résistances à la tristesse qui est souvent assimilée à la souffrance dans la mesure où cet état est lié à une perte. Néanmoins, aller au-delà et parvenir à une vision poétique de la vie est un des leviers pour se dégager du matérialisme et de l’utilitarisme. C’est ainsi que Susan Cain en est arrivée au concept de « doux – amer » ainsi qu’au titre de cet ouvrage Le bonheur d’être triste. Le paradoxe n’est qu’apparent. Elle affirme au contraire que c’est la clef d’une vie épanouie et comblée est contrairement aux apparences, le bonheur ne fait pas de nous des êtres heureux !

Peut-on être triste et heureux en même temps ?

Depuis quelques années nous vivons une tyrannie de la pensée positive. Nous nous devons d’être dynamiques, gai, positif quelles que soient les épreuves que nous traversons. Il s’agit de trouver vite un sens pour éliminer les états de tristesse et repartir d’un bon pied le plus tôt possible. Nous n’avons pas le droit à la faiblesse. Au contraire Susan Cain nous présente la mélancolie comme une force compatible avec le bonheur. Elle a l’expérience du coach qui, à travers ses clients a souvent constaté les méandres de ces états qui peuvent paraître contradictoires au premier regard. Nous découvrons au fil de ces pages la valeur de cette émotion. Elle s’appuie sur le récit d’auteurs historiques de la littérature et sur son vécu personnel pour nous démontrer combien dans de multiples réalisations humaines créativité et mélancolie sont indissociables. Ce qui nous hante peut parfois s’avérer une ouverture et une libération.

Essayez ! Réfléchissez ! fouillez dans vos expériences ! Par exemple sans aller chercher les drames, je suis certaine que comme moi ou comme Susan Cain l’écoute de musiques tristes vous ont conduits à des états de contact avec les profondeurs de votre psyché. Les chansons tristes révèlent parfois des sentiments si riches. Connaissez-vous Léonard Cohen, le poète du pessimisme ? ou bien Rainer Maria Rilke qui invite à cette expérience féconde, dans ses « lettres à un jeune poète » ? et bien d’autres : Aristote, Beethoven, Durer, Homère, Rumi, etc. tous parlent de cette lumière de compréhension qui émerge d’un sentiment d’anéantissement, de désarroi et de tristesse qui ont conduit à l’Éveil.

Il est évident, tant ce récit est intime et personnel qu’il nous renvoie à notre propre expérience et à notre réalité.  Chacun vit cette lecture en miroir de sa propre vie. La question qui néanmoins se pose est le rôle de la souffrance et du chagrin dans l’art, ainsi que sur les relations familiales et sur la guérison de soi et des autres. C’est, me semble-t-il, une vraie question. Quelles pistes de réflexion ! Eh oui et pourtant, nous vivons dans une société où la tristesse et la mélancolie n’ont pas de place, voire, elles sont considérées comme pathologiques. Réfléchissez : où en êtes-vous avec la peur de l’abandon, de la réussite ou de l’échec ? Comment gérez-vous le rejet, la masculinité précaire, le féminisme équilibré inatteignable, le perfectionnisme et son « inaccessible étoile, la colère sous-jacente et permanente qui tisse le fond de votre vie sociale et urbaine ?

Quel livre ! C’est une référence en ce domaine. Je suis certaine qu’il peut nourrir une multitude de gens.

Renouez avec la puissance créatrice et consolatrice de la mélancolie

Plutôt que de paraphraser à l’infini les réflexions de Susan Cain ou de raconter mes propres expériences, je vais vous indiquer ici les idées clés traitées au cours de ce livre.

Il ne vous restera plus qu’à le lire. Ce que je vous conseille vivement.

  • A quoi sert la tristesse ?
  • Pourquoi cherchons-nous l’amour parfait et inconditionnel ?
  • La créativité est-elle associée à la tristesse, à la nostalgie et à la transcendance ?
  • Comment supporter la perte de l’amour ?
  • Comment une nation fondée sur tant de chagrins a-t-elle pu se changer en une culture du sourire normatif ? Faut-il tenter de surmonter le chagrin et l’impermanence
  • Héritons-nous de la souffrance de nos parents et de nos ancêtres ?
  • Etc… ce ne sont que quelques phrases. Bonne lecture !

Susan Cain, une force tranquille et sereine

Au-delà d’une chercheuse de vie, d’authenticité, Susan Cain, aime transmettre. Sa transmission est une sagesse qu’elle exprime dans son métier actuel de coach, de consultante, de formatrice et de conférencière.  A l’origine diplômée  d’anglais à l’université de Princeton, puis docteur en droit  à la Faculté de droit de Harvard, elle travaille tout d’abord dans un cabinet d’avocats puis ouvre son propre cabinet. Elle y excelle mais s’oriente vers l’écriture et la transmission sous toutes ses formes. En 2015, elle co-fonde la société « Quiet Revolution ». Passionnée par la puissance des introvertis, toutes ses recherches et publications sont fondées sur son expérience personnelle qu’elle n’hésite pas à citer. Dans cet ordre d’idées elle publie le livre « La force des discrets » (« Quiet: The Power of Introverts in a World That Can’t Stop Talking », 2012) est un best-seller international qui est resté près de deux ans sur la liste des meilleures ventes américaines.

Sans aucun doute, ce livre-ci « Le bonheur d’être triste » aura un succès analogue.

Le concept de « doux-amer » tisse le fond de sa réflexion et de son écriture.


Le bonheur d’être triste – Susan Cain – 18€ – www.editionsleduc.com

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