La Sainte Baume, la grâce !

Un soir d’été avec Marie-Madeleine

J’avais envie d’aller à la Sainte Baume depuis des années, mais chaque été, prise dans les vertiges des voyages, du travail et des devoirs, je regardais passer ce désir avec la nostalgie d’une expérience à reporter. La Sainte Baume c’est le lieu où s’est réfugiée Marie-Madeleine qui a quitté la Palestine après la mort et la résurrection de Jésus. Elle y a vécu jusqu’à la fin de sa vie en ermite dans une grotte, faisant le bien, et rayonnant d’une énergie sainte. Quelles que soient nos croyances et notre foi, ces êtres furent des Maitres et des archétypes fondateurs de notre culture. Les êtres de lumière ont existés dans toutes les traditions, leur passage sur terre s’est toujours assorti de plus de lumière et d’un éveil accru de ceux qui se sont accordés à leur chemin.  En dehors du fait que la Sainte Baume a donné ancrage à la communauté chrétienne des dominicains, d’autres courants spirituels y ont trouvé refuge et inspiration au fil du temps. En particulier Jean-Yves Leloup, Marc de Smedt et tous les chercheurs de spiritualité vivante.images

La montagne de la Sainte Baume est une forêt primaire, elle n’a quasiment jamais été coupée ni connu d’incendies. Au cœur de la montagne se trouve la grotte où séjourna Marie-Madeleine. Je peux vous assurer que y marcher est une expérience en soi de contact direct avec l’énergie de la nature et une vibration très particulière.

La montagne est fréquentée par des randonneurs, des pèlerins, des amoureux de la nature ou des personnes en quête spirituelle.

C’est dans ce cadre-là qu’une soirée a été organisée le samedi 18 juillet par Almaz Vaglio comportant une conférence, un diner et un concert. Le contenu était exceptionnel. Tous les intervenants étaient à la fois simples, accessibles et virtuoses dans leur domaine. Malheureusement la grotte de Marie Madeleine a été fermée une semaine avant le soirée pour cause de danger d’éboulements. Snifff ! Dommage. Toute la soirée s’est alors déroulée à l’hôstellerie de la Sainte Baume : la conférence de Pascale Léger dans une grande pièce donnant sur la nature, le diner gastronomique et healthy a eu lieu dans la prairie sous les lueurs du soleil couchant, et le concert dans la chapelle.

Je suis arrivée trois jours avant car j’avais envie de cette retraite de silence et de contact intime avec moi-même qui, même si nous pouvons l’avoir n’importe où, se teinte d’une énergie particulière dans certains lieux. J’ai fait le choix de loger à l’Hostellerie de la Sainte Baume qui est gérée par les dominicains et loin de tout village. Cette mini retraite fut bienvenue et m’a préparée idéalement à la soirée  du 18. Je ne peux que conseiller  à tout le monde de s’offrir ce genre d’expérience facile et très bienfaisante.

Almaz Vaglio, la musique de l’âme et de la nature

Je connais Almaz depuis plus de 10 ans car elle a conçu des programmes musicaux spéciaux pour les Spas. J’ai apprécié sa créativité en ce domaine car entre nous les spas ont évolué d’une manière exceptionnelle mais la musique reste consternante la plupart du temps. Comment font-ils avec leur musique de relaxation qui irrite tout le monde ? Almaz est donc designer sonore, elle œuvre auprès de grands groupes sur des projets utilisant le pouvoir du son et de la musique comme moteurs d’innovations dans le domaine du bien-être mais également pour l’automobile, pour la RATP pour sonoriser les couloirs du métro. Elle participe activement à la « Semaine du son », événement mondial organisée par l’UNESCO et qui sensibilise le public et tous les acteurs de la société au son et à la qualité de l’environnement sonore. Ateliers, conférences, concerts, enquêtes se succèdent dans plusieurs villes de France ou de l’étranger.Almaz Passionnée et engagée dans l’écologie, Almaz Vaglio crée la marque « Echo-in » qui propose de nouveaux modes d’écoute, de découverte et d’attentions, pour un environnement plus soutenable sur Terre comme sur Internet. Mais parallèlement à toutes ces activités, elle invente de nouvelles manières d’entendre la musique dans les villes et organise des concerts et soirées musicales. Il y a 6 ans, déjà amoureuse de cette région, elle a « sonorisé » la montagne de la Sainte Baume faisant appel à des chercheurs de son, des musiciens afin en quelque sorte de faire chanter la montagne. J’ai suivi à distance l’expérience car je n’étais pas en France et c’était très émouvant. C’était une sorte de portail sonore qui offrait des paysages musicaux faits de bruits de la nature autant que d’expériences musicales. Ce fut réalisé en collaboration avec le Département du SATIS de l’Université d’Aix-Marseille. Nous pouvions assister à une série de 12 rencontres poétiques filmées par l’auteur photographe Jean Belvisi. Un Rendez-vous musical inédit en trois points distincts pour célébrer la montagne. Ce projet pilote initia une série d’expérimentations transversales et participatives afin de révéler une identité sonore et musicale du territoire et de ses patrimoines.

Je lui laisse la parole : « Aujourd’hui de plus en plus connectés, nous vivons dans le  bruit permanent d’un Internet aux paysages saturés à perte de vue et dont les chemins d’accès sont tout tracés, brouillés ou déviés, par le jeu hautement lucratif de géantes plateformes intermédiaires dites les GAFAM (Google Apple Facebook Amazon Microsoft). Est-ce un environnement durable et souhaitable pour l’art et la culture en ligne, pour sa valeur, pour son indépendance, pour sa diversité, et son exception ?   Je me sens plus que jamais engagée dans la construction de modes d’exposition tout-à-fait autres, portés par plus de sens, ouverts à d’autres choix, à d’autres outils, à d’autres idéologies. »

L’hostellerie de la Sainte Baume

Nous n’avons pas là un hôtel classique. C’est une maison religieuse tenue par des religieux, les Frères Dominicains. C’est à la fois un lieu de prières, de retraite ou d’activités plus laïques mais chacun y est libre de sa pratique spirituelle ou non. Les offices religieux rythment la journée, les chambres sont simples mais confortables quant aux repas ils sont savoureux. Compte tenu de la saison, les déjeuners et diners étaient servis dans la prairie et nous pouvions bénéficier du contact avec la nature si puissante. Les Frères Dominicains partageaient les moments collectifs sans être envahissants pour Hostellerieautant et les échanges étaient toniques et vivifiants sur le plan de la réflexion.

J’ai apprécié de rencontrer des personnes si différentes et si bien dans leur axe de vie : les personnes en pèlerinage et qui allaient de lieu saint en lieu saint, des randonneurs qui faisaient une halte, des personnes en retraite spirituelle ou en ressource de vacances ou des participants au concert qui en profitainet pour faire un séjour plus prolongé. Tout était vraiment bien.

Pascale Léger, tout un chemin dans les pas de Marie- Madeleine

L’auteure de ce livre « Marie-Madeleine, l’amour a tant de visages » (Almora Editions), est quelqu’un d’une telle simplicité à la limite de la candeur que c’en est fascinant. Professeure de latin, de grec, de yoga et d’Ayurveda. Elle pratique la méditation, privilégiant à l’harmonie et la paix de l’esprit, l’éveil de la conscience et l’ouverture du cœur. Elle dit « Comme une sœur encourageante à la fois lointaine et proche de mon cœur,Pascale-Leger-150x150 Marie Madeleine m’aide à redécouvrir ma féminité sans en avoir honte et à avancer sur mon chemin intérieur vers la liberté et l’amour. »

Pascale Léger, nourrit un lien très fort avec la figure de Marie-Madeleine depuis l’enfance. C’est avec passion qu’elle a partagé avec nous ce cheminement où elle s’est construite elle-même à travers l’exploration de cette femme.

Qui était Marie-Madeleine ? Une pécheresse repentie ou, plus simplement, une femme libre et indépendante ? A-t-elle été l’amante du Christ, sa compagne ou son disciple préféré ?  Le partage d’expériences nous a dévoilé une à une, toutes les facettes de cette Marie Madeleinefemme infinie : son origine, sa vie, sa destinée. Pascale Léger y a questionné le contraste saisissant entre le peu de passages qui lui sont consacrés dans les évangiles et l’importance qu’elle acquiert au cours des siècles dans la mystique, les arts et les lettres, figure chérie des peintres à l’iconographie flamboyante, modèle de beauté féminine, exemple de foi pour bien des fidèles. Plus de 100 représentations picturales de Marie Madeleine sont à découvrir dans ce livre, autant de chefs-d’œuvre qui nous parlent de l’image de la femme au cours des siècles.

Eric-Maria Couturier,  sur les ailes des préludes de Bach

Les musiciens virtuoses sont fascinants à fréquenter dans la « vie ordinaire ». Eric-Maria Couturier était avec nous tous à l’Hostellerie de la Sainte Baume avant le concert. Il émanait d’une aura magnétique et sa présence ne passait pas inaperçue. C’est dans la chapelle que nous étions réunis pour le concert de violoncelle. Le concertiste de formation classique  à l’origine, il a fait partie du Trio Talweg, de l’Orchestre de Paris, puis en tant que soliste à l’Orchestre de Bordeaux. Il a joué sous la baguette des plus grands chefs :  Solti, Sawallisch, Giulini, Maazel… Très investi dans l’étude de la musique indienne, il explore les rapports entre l’improvisation et la création musicale Eric maria couturiercontemporaine. Il participe également aux enregistrements des artistes jazz David Linx, Laika Fatien et Jean-Philippe Viret. Dans le domaine électro, Éric-Maria Couturier se produit avec Jeff Mills et ErikM, et a récemment créé le trio Plug avec Nicolas Crosse et Victor Hanna. Voilà un beau parcours ! Ce jour-là nous avons eu la chance d’entendre une interprétation originale que lui a inspiré le lieu, à partir des suites pour violoncelle de Bach.

La légende dit que de la grotte, Marie-Madeleine est élevée sept fois par jour par les anges jusqu’au sommet de la montagne pour rejoindre son Bien-Aimé. En écho, ce concert propose d’entendre les six Préludes des Suites, un septième est alors imaginé. Haïkus et improvisations rythment délicatement cet ensemble et entrent en résonance avec la grotte de roche et d’eau, l’œuvre de Bach et Marie-Madeleine.

« – Ecoute ! Qu’est-ce qui résonne ? – C’est un corps sonore. – Mais lequel ? Une corde, un cuivre, ou bien mon propre corps ? – Ecoute : c’est une peau tendue sur une chambre d’écho, et qu’un autre frappe ou pince, te faisant résonner, selon ton timbre et à son rythme. » Extrait de « A l’Ecoute » de Jean-Luc Nancy

Jérémie Debayle, un Chef « nature »

Toute cette soirée fut une ode aux sens sous un angle très élevé et raffiné. La nourriture n’était pas en reste. Ici l’ascétisme concerne d’autres plans, tout dans le corps peut être nourriture de l’âme et JérémieJeremie Debayle Debayle en fait la démonstration. Ce Chef, pas comme les autres a créé « la toque itinérante » et propose des repas, des buffets très healthy, La toquedes plats très raffinés et gastronomiques, des petites salades couvertes de fleurs, des graines savoureuses qui animent les crèmes, tout cela bio la plupart du temps et en tout cas cultivé et préparé avec amour. Il était là qui commentait chaque plat et racontait comment cela poussait dans les jardins.

Nous avons dégusté ce repas dans la prairie en regardant la montagne se teinter d’or et de rose au coucher du soleil.

https://www.echo-in.live

https://www.saintebaume.org/grotte/

https://www.saintebaume.org/hostellerie/

https://www.ensembleintercontemporain.com/fr/soliste/eric-maria-couturier/

Ste Baume

 

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