
Voyage ayurvédique
Ce voyage a été suscité par le besoin de prendre de la distance avec ma vie parisienne riche de créativité, de rencontres formidables mais ô combien pleine de stress, de pressions et de trop d’informations. Il me fallait retrouver ma sérénité fondamentale. Et puis, j’avais l’envie d’un retour aux sources. L’Inde est un pays qui a beaucoup compté dans mon histoire intime et qui m’a mis très tôt en contact avec mon âme. Donc, direction : Inde du sud avec le projet de faire une cure Ayurvédique et de me ressourcer avec cette vie-là. Je suis partie avec Anaïs pour un séjour de 2 semaines.
Première étape : le Tamil Nadu avec Chennaï (Madras), Kanchipuram, Mahabalipuram et surtout Pondichery.
Les temples sont magnifiques, souvent dans la nature, ils sont l’occasion de temps précieux de méditation. On y accède à des rituels, des pujas à des divinités où il n’est pas nécessaire de croire ou d’adhérer pour bénéficier des indéniables rayonnements de belles vibrations. Il suffit d’être réceptif et ouvert. Les promenades sur la plage sont également de beaux moments de sérénité. On ne peut s’empêcher de penser à Krishnamurti qui fut découvert se promenant sur la plage par les théosophes qui avaient élu domicile dans la région.
C’est également sur ces plages que les Beatles venaient recevoir les enseignements de leur gourou au temps de leur crise mystique. Il en reste une ambiance baba cool qui s’accorde bien à cette région.
Le séjour à Pondichéry fut beaucoup plus riche en expériences. Cette ville est un modèle de tolérance, de grâce et de plaisir. C’est un ancien comptoir français, sous-préfecture sous les tropiques, où la trace française est toujours vivace dans le nom des rues, les maisons qui ont une allure de village de chez nous, de nombreux habitants qui parlent la langue de Molière. Les quartiers chrétien, tamoul, musulman, indien sont bien identifiés et se côtoient avec harmonie. Malgré la circulation intense et bruyante, la découverte des marchés, des petits restaurants, les ashrams pleins de sérénité est un grand bonheur.
Et à quelques kilomètres de Pondichéry, la ville expérimentale de Auroville vaut la visite.
Auroville, le souffle d’un monde nouveau… ancien
Nous sommes donc allées à Auroville. Il y a 50 ans que j’attends ce moment ! Eh oui, Auroville a été créée en 1968.
Il n’y a rien à visiter à Auroville. Il n’y a qu’à vivre l’ambiance très spéciale. Pour moi dont la jeunesse a été nourrie de ces valeurs, de ces visions de grands maitres, ce fut un cadeau d’être dans cette ville qui fit tant rêver les visionnaires d’absolu il y a quelques années.
Une petite histoire d’Auroville
Tout commença avec un poète, écrivain, philosophe Aurobindo Ghose (dit : Sri Aurobindo) né en 1872 à Calcutta. Son destin de maitre s’affirma après un séjour en prison car il était alors un fervent militant de l’indépendance de l’Inde. Depuis sa cellule, il eu une vision du monde et affermit son destin et sa parole. De la libération de l’Inde, il passe à une philosophie axée sur l’avenir de l’homme, l’âge nouveau de l’Esprit et l’apparition d’une espèce nouvelle. De retour à la liberté, il commença un enseignement sur le « yoga intégral».
Il rencontra une française, Mirra Alfassa qui fut sa porte parole pendant des années. En effet, Sri Aurobindo se retira de tout contact avec ses disciples, consacrant sa vie à l’étude, la méditation, la prière et la rédaction d’ouvrages de philosophie. Il ne fit des apparitions que 3 ou 4 fois par an. Mirra Alfassa qui fut nommée « Mère », porta leur oeuvre commune. Sri Aurobindo disparaît le 5 décembre 1950. Mère matérialise ce projet d’une ville idéale : Auroville !
Auroville, une utopie très féconde
De toute évidence cette ville est une utopie fondée sur le principe d’une vie communautaire universelle, au-delà de toute croyance, opinions politiques et nationalistes.
«Il doit exister sur Terre un endroit inaliénable, un endroit qui n’appartiendrait à aucune nation, un lieu où tous les êtres de bonne volonté, sincères dans leurs aspirations, pourraient vivre librement comme citoyens du monde…» Ainsi parlait la «Mère»
Où l’utopie est-elle allée se nicher ? Dans le plan urbanistique d’abord, conçu par un architecte français, Roger Anger, qui a construit Auroville autour du temple, comme une spirale galactique divisée en quatre zones : culturelle, industrielle, internationale et résidentielle. Ces spirales devaient remplir une surface de 25 km2, elles n’en comptent que 10 sur lesquels sont répartis quelque 80 villages où vivent environ 2000 Aurovilliens, dont deux tiers de nationalités différentes, les Français étant les plus représentés. On aperçoit çà et là des maisons, souvent dissimulées par une épaisse végétation. Des habitants s’affairent, en voiture et, plus fréquemment, en mobylette, mais on n’a aucune raison de les aborder : qu’on se le dise, Auroville n’est pas une attraction touristique.
Le Rêve de « Mère »
28 février 1968, dans un désert rouge, les représentants de 120 nations déposent une poignée de leur terre natale dans une urne blanche en forme de fleur de lotus. La voix tremblante de Mira Alfassa, compagne spirituelle du yogi Sri Aurobindo, s’élève dans l’air brûlant. « Auroville n’appartient à personne en particulier, Auroville appartient à toute l’humanité dans son ensemble… » Maisons, routes, écoles, tout est à construire. Mais déjà, des hippies du monde entier sont venus consacrer leur énergie à la réalisation d’«un lieu de paix, de concorde et d’harmonie, où les instincts guerriers de l’homme seraient utilisés exclusivement pour vaincre les causes de ses souffrances».
A quoi ressemble Auroville aujourd’hui ?
Une sorte de forêt qui émerge sur une terre rouge. Les Auroviliens ont planté 6 millions d’arbres dans ce qui était un désert aride à l’origine. Vous laissez tout véhicule à l’entrée du village. Aucune voiture, ni scooter, ni vélo ne circule à l’intérieur. Tout se fait à pied. Ce qui n’est pas très compliqué sauf sous le soleil de plomb aujourd’hui !
Quelques bâtiments très bien faits abritent des centres d’informations sur la ville. Heureusement qu’ils sont là, car personne ne peut deviner l’organisation d’Auroville. Les maisons sont disséminées dans la forêt. Les habitants vivent leur vie et n’ont personne à convaincre. A vous de jouer pour découvrir par vous-même ce qui se passe là. Cependant toute la ville « transpire » les valeurs et les actions. Poèmes inspirants disséminés dans la forêt, œuvres d’art dans une clairière, le temple Matrimandir où personne ne vous donne le moindre enseignement. Le silence est partout, une ambiance très spéciale touche chacun sans qu’aucune explication ne soit donnée.
Ma cure de Panchakarma à l’Ashram Art Of Living
De la côte est nous sommes passées vers la côte ouest, dans le Karnataka à côté de Bengalore. En l’occurrence, il s’agit d’une clinique Ayurvédique incluse dans un Ashram qui est un centre spirituel. Tout y est présent : l’atmosphère intense de sérénité, du yoga, de la méditation, des chants collectifs, des conférences, une nourriture végétarienne très saine.
Compte tenu de ce préalable tous les traitements et massages ont une empreinte de sacré et on sent la vision du corps comme le temple de l’âme. Chaque soin a un impact sur le plan physique mais également sur les émotions et le mental. C’est une vraie approche corps-esprit. Le centre lui-même est beau et sobre tout en bois précieux et dans le style des maisons indiennes. Construit autour d’un patio arboré, il distribue les différentes salles ainsi que l’accueil et les salons d’attente.
Détail du programme
Le médecin ayurvédique.Quelques questions très classiques pour évaluer l’état de santé et les besoins à traiter. Le médecin prend les pouls énergétiques (comme en médecine chinoise), examine la langue, regarde les yeux, le teint et détermine ainsi la « constitution ». Etes-vous Vatta, Pitta ou Kapha, c’est-à-dire davantage influencé par l’air le feu ou la terre en tant qu’éléments. A partir de tous ces éléments un programme est prescrit : deux à trois massages par jour en accord avec l’objectif à atteindre, du yoga ou non, un certain type d’alimentation, différents types d’exercices et éventuellement un traitement plus puissant.
La nourriture. Un restaurant « sattvique » fait partie du centre. Tout est végétarien et la plupart du temps bio. La diététique Sattvique signifie que l’attention n’est pas portée sur les protéines, les glucides, les lipides etc. mais sur l’énergie des aliments. Tout cela contribue à purifier la conscience et à équilibrer la personne. Il est demandé que les personnes qui préparent la nourriture le fassent en état d’harmonie intérieure. Les repas sont délicieux. Ce que j’ai adoré ce sont les jus frais pressés à la minute : ananas, mangue, carotte, grenade… un vrai goût de paradis !
L’exercice physique : La voie royale est le Yoga. Quelques postures triées pour leur facilité et leur efficacité. Tout le monde peut les pratiquer. Cependant, la propriété est située dans un grand parc très arboré et la marche est très à l’honneur. La promenade induit un ralenti de la pensée et rapidement tout s’apaise en vous. Des exercices de pranayama (respiration particulière) sont conseillés et enseignés. Ils sont là pour purifier le corps mais également pour nettoyer les pensées et la souffrance émotionnelle. Et ça marche !
Les massages : 80 % des massages pratiqués font partie de la tradition indienne et sont des soins Ayurvédiques. La plupart du temps ils ont des noms que nous connaissons bien en occident : Abhyanga, Shirodara, Udwartana, Marma. Dans ce centre, les protocoles étaient très simples. Quelques techniques très bien faites, répétées pendant une heure mais sans fioritures. Les manœuvres elles-mêmes sont précises et adaptées aux besoins. La praticienne ne posera jamais la main sur vous sans avoir prié. Tout soin débute par une petite méditation et un mantra murmuré alors que les doigts se posent sur vos centres énergétiques. Cela pose un état concentré, un rayonnement de paix pour le traitement.
Les soins sont prodigués avec des huiles vierges préparées spécialement avec des herbes macérées, des épices infusées. Tout est fait dans les règles de l’art. Rien n’est industriel. Tout est préparé dans une sorte de laboratoire attenant au Spa. Les produits sont chauffés sur place sur des réchauds et des bains-marie. Les huiles et des recettes sont adaptées à chaque personne selon les prescriptions du médecin.
Dans la plupart des salles de soin, il y a, en plus de la table, une steam box, hammam individuel. Après le soin, on peut prendre un bain de vapeur pendant 10 minutes. Cela permet aux huiles de pénétrer et à l’énergie du massage de se diffuser intérieurement.
Le traitement : J’avais fait le choix d’une cure de Panchakarma. Le Panchakarma est un nom générique pour le grand traitement qui inclut votre rééquilibrage global. C’est très précis. En fonction de votre constitution et de vos besoins les produits sont adaptés ainsi que le choix des massages. Les 2 premiers jours, après la visite médicale, rien ne change. Vous mangez normalement, vous recevez vos soins qui correspondent à votre diagnostic. Mais rien de difficile. Vous êtes détendue, vous jouissez de la nourriture délicieuse et vous pratiquez yoga, méditations et ballades sans vous méfier. Et le 3ejour, cela vous tombe dessus. L’étape plaisir est terminée : plus de petit déjeuner, prise de médicaments qui vous font transpirer, déjeuner et diner plus que light, genre bouillon et légumes vapeur sans aucun assaisonnement, médications qui vous font éliminer, purgatifs. Quelques massages très particuliers. On sent que cette cure « déménage » intérieurement. La détox dans toute sa splendeur ! Au bout de 3 jours de diète, retour à la normale. Tout alors a un parfum de paradis !
Grâce à cette cure, j’ai laissé derrière moi 60% de mon paquet d’hyperactive parisienne. A ce jour j’ai toujours le bénéfice énergétique de cette cure. J’en ai gardé des réflexes d’attitudes et de pratiques de bien-être (méditations quotidiennes, yoga, respirations, alimentation
Un article très détaillé sur cette cure ayurvédique de Panchakarma sera publiée prochainement dans le magazine Spa de Beauté.
https://www.artofliving.org/art-living-international-center-bangalore