
Haïkus, les poèmes méditation qui saisissent l’instant

Acheter et lire un livre de poésie est de nos jours un étrange comportement. La poésie a toujours son public, sans aucun doute. Mais moins qu’il y a quelques années. La culture et la littérature françaises nous ont donné des joyaux aussi variés que beaux. Chaque siècle apporte sa manne de poètes qui ont regardé le monde d’un œil différent et le traduisait avec des mots, des images, des émotions si différentes. C’est à chaque fois tout un univers qui a son chant. De Victor Hugo à Baudelaire, de François Villon à Ronsard, mais également de Brel, Brassens à Stromae, qui même s’ils s’appuient sur le chant n’en restent pas moins des virtuoses de la langue poétique, tous on traduit la vie en poésie.
Ce livre sous la plume de Pascale Senk nous invite dans le haïku. Poème japonais bref (14 syllabes environ) en 3 lignes, qui évoquent souvent la nature à travers une vision qui ne se décrypte pas avec l’intellect. Au contraire. Par leurs évocations, il déstabilise le mental et provoque un saisissement à la fois émotionnel et énergétique qui favorise un instant de méditation spontanée ou un contact avec notre silence intérieur. L’état poétique haïku est très spécial. Pascale Senk en parle très bien dans le prologue, nous invitant à cette expérience dont elle décode un peu les secrets. La réalité est un grand mystère dont il est illusoire bien souvent de pénétrer les faces cachées. Le haïku peut se révéler une des passerelles.
Au fil de la plume de Pascale Senk

La structure de ce livre est particulièrement intéressante. Lire de la poésie est souvent « rasoir » même quand on aime cela. La routine anesthésie la sensibilité. D’autant plus quand les poèmes sont courts et très puissants sur le plan de la conscience. Bien souvent on les « picore » dans le désordre et au fil de notre appétit. Mais même si c’est un bon moyen de lire cette poésie-là, on perd une sorte de fil. Vous me direz que les haïkus n’ont pas de fil conducteur et qu’il est bien au contraire intéressant d’être vierge à chaque poème. Sans doute ! Mais moi j’ai particulièrement apprécié cette manière-là qui est de construire des sortes de faux chapitres évoquant les moments de la journée : petit matin, matinée, midi… crépuscule, soir, nuit, au cœur de la nuit…Parce qu’avant que les haïkus ne s’égrènent, Pascale parle du moment en question, en prose mais avec un style bien à elle. Elle passe en langage direct au lecteur avec des anecdotes historiques ou d’expériences de vie quotidienne. Elle philosophe et poétise en prose ces moments de la journée où l’imagination et la saveur se mêlent pour nourrir votre état de réceptivité et d’émerveillement. Ainsi après avoir lu et dégusté ce livre, la journée toute entière s’offre à vous et les haïkus qui vont suivre vont résonner en vous à l’infini.
A ressentir pour vibrer à l’infiniment subtil

Aucun argument intellectuel ne peut vous faire découvrir ce qu’on peut ressentir en lisant ou entendant un haïku. Seule l’expérience déclenchera en vous cette vibration qui vous fera ressentir l’infiniment subtil. Ce qu’on ne peut décrire.
Un haïku page 37 :
« roucoulement –
le chat suspend sa toilette
langue en l’air »
Pascale Senk parle de cette poésie comme une fontaine de jouvence revitalisante épanouissante. Elle anime des ateliers d’écriture et constate que même des personnes très novices trouve leur inspiration et un savoir créer pendant ses séminaires. Allez voir son site www.pascalesenk.com et vous verrez. Elle y explique ses propositions : ateliers, podcasts, méditations, séminaires, conférences, livres, etc.
Pour le reste, lisez le livre !
CIEL CHANGEANT, haïkus du jour et de la nuit – Pascale Senk. Editions Leduc : 15,90€ www.editionsleduc.com
