
Un sens toujours ouvert
Cette expression, qui est le titre d’un spectacle de Pascal Quignard : « Il se trouve que les oreilles n’ont pas de paupières », m’a fascinée depuis que je l’ai entendue il y a plusieurs années. Elle est dans la droite ligne d’une réflexion personnelle autour du son, de l’oreille et du sens de cette phrase qui suggère un croisement entre deux sens : l’ouïe et la vue. En effet, nous pouvons mettre tous les sens à distance, mais les oreilles sont toujours ouvertes et captent même inconsciemment tous les sons. Et le monde est un univers de sons. Même le silence total nous impacte comme un son par son absence qui révèle d’autres sons personnels comme celui de notre cœur, de notre circulation sanguine, de notre respiration et bien d’autres bruits intimes que nous ne sommes pas conscients d’entendre en permanence. De surcroit, en ce qui concerne le son, nous verrons que nous n’entendons pas que avec nos oreilles mais avec tout notre corps. Il suffit de vous adosser à une enceinte de musique ou d’y coller vos plantes de pieds pour sentir l’onde vibratoire sonore se propager à travers les os. Amusez-vous à poser une source de musique à votre ventre et observez ce qui se passe concrètement au niveau des viscères. Une multitude d’expériences ludiques ou scientifiques ont été faites à ce sujet-là qui démontrent l’impact concret et subtil du son sur nous, même à notre insu. Pourquoi ? et comment cela se fait-il ?
Le son : des longueurs d’ondes bien précises
Comme tout ce qui relève des sens, il y a une dimension scientifique avec une réalité concrète qui aide à mieux comprendre et maitriser et une autre dimension qui est très subjective et émotionnelle. C’est valable pour tous les sens.
Tentons de comprendre aujourd’hui ce qui se passe avec le son et avec notre ouïe. Beaucoup d’éléments sont dans le langage populaire grâce à la musique, donc même si c’est imprécis, nous en avons tout de même une idée. Il s’agit d’une vibration mécanique qui va se propager sous la forme d’onde. Pour que le son se disperse il faut un support : l’air, le liquide ou autre. Dans le vide, l’onde sonore ne se diffuse pas. Donc, à l’origine un objet va créer cette vibration, puis il faut un support de diffusion, liquide, solide ou aérien et enfin à l’arrivée un récepteur plus ou moins neutre. Les particules du support vibrent plus ou moins selon leur nature (le solide va transmettre moins que le liquide ou que l’air). Le matériau détermine obligatoirement une contrainte due à sa densité. La propagation du son ne va pas être la même. Prenons des exemples simples : Lors d’un concert (où le son se diffuse dans l’air) nous pouvons percevoir les nuances les plus subtiles des instruments. La mode des piscines de relaxation où nous pouvons entendre de la musique sous l’eau est fascinante car nous n’entendons les nuances du son que lorsque nos oreilles sont immergées. Nous perdons 80% de l’onde sonore à l’extérieur de la piscine. Mais ne négligeons pas que le milieux sont rarement homogènes. Ils sont souvent un composé d’air, d’humidité et de solide.
Un autre élément est très important pour comprendre la diffusion du son, c’est la vitesse du son. Tout le monde en a fait l’expérience avec un peu d’attention : Lors d’un orage, un décalage de plusieurs secondes existe entre l’éclair et le tonnerre qui pourtant ont la même source. Dans l’atmosphère, l’influence de l’humidité et de la température est très importante pour la propagation de l’onde acoustique. Malgré les composantes scientifiques qui échappent au néophyte, nous sommes dans un univers qui tient compte en permanence de ces répercutions sur nos organisations architecturales, musicales, énergétiques ou de santé. Un autre exemple que tout le monde connaît au moins inconsciemment : le son se propage plus facilement dans une oblique ascendante qu’à l’horizontale pure. C’est la raison pour laquelle les théâtres antiques en plein air sont semi-circulaires et en gradins. Tout en haut, on entend les acteurs qui pourtant n’ont pas de micro et qui parlent normalement. La connaissance de tous ces éléments très concrets permettent d’aborder sans fantasmes, avec réalisme et maitrise les approches les plus subtiles du travail avec le son.
Le cerveau, décodeur en chef de toute onde sonore
Un peu d’anatomie ne fait pas de mal, au contraire pour bien comprendre le processus. Vous allez constater que vous connaissez la plupart des éléments. Prenons dans l’ordre :
- Un bruit retentit : le son est capté par l’oreille qui est responsable de l’ouïe et elle-même est séparée en 3 parties : Oreille externe, moyenne et interne.
- Cette oreille qui occupe notre réflexion aujourd’hui est un récepteur qui contient une membrane : le tympan. Les fréquences des sons acoustiques captés par un humain sont situées entre 15Hz et 2000Hz. Il existe également des infrasons et des ultrasons dont les fréquences sont trop basses ou trop élevées pour être audible. Vous le savez, il en est de même pour tous les sens : concernant les couleurs tout le monde connaît les infrarouges ou les ultraviolets non visibles à l’œil nu mais qui ont un impact physiologique sur nous. De même dans le domaine du parfum ou du goût.
- L’oreille externe : celle-ci est composée de 2 éléments purement mécaniques : la pavillon auditif qui capte les ondes sonores et le conduit auditif qui guide ces ondes dans la suite de son trajet.
- L’oreille moyenne : elle est composée du tympan qui est une membrane vibrante et de la chaine ossiculaire, elle même constituée de 3 petits os : le marteau, l’enclume et l’étrier. Donc le son fait vibrer le tympan et celui-ci transmet la vibration sonore qui l’amplifient et le transmettent à l’oreille interne
- L’oreille interne : nommée « labyrinthe » à cause de sa forme. Elle baigne dans un liquide dans lequel plongent les fibres nerveuses et contient la trompe d’Eustache, la Cochlée et le nerf auditif. C’est dans cette partie-là que l’onde sonore est
transmise au cerveau.
- Le cerveau : comme je le précisais au début de cet article « les oreilles n’ont pas de paupières » c’est à dire que les oreilles sont toujours actives et captent les sons en permanence, que nous en soyons conscients ou non, c’est ensuite le cerveau qui fait le tri et, soit l’intègre par une réaction, soit l’enregistre dans l’inconscient. Pour cela le cerveau doit interpréter le son. C’est lui le « maitre d’œuvre » pour lequel tous les autres éléments du système auditif sont des serviteurs spécialisés. Tout est important pour une bonne perception auditive. Mais tout cela n’en concerne que la partie « physiologique ». Toute personne qui travaille dans l’univers du bien-être avec une approche plus ou moins holistique et énergétique sait qu’en ce qui concerne tous les sens, nous devons tenir compte de la structure mentale de la personne, de sa sensibilité, de ses éventuels troubles neurologiques, de son éducation ainsi que de son ouverture aux perceptions subtiles.
Le son au service de notre bien-être
Le cerveau, chef d’orchestre, traite l’information sonore qui lui arrive sous forme d’influx nerveux. Son rôle entre autre, est de réguler le rythme cardiaque, la respiration, la digestion, les sécrétions hormonales, etc. Tout ce qui fait la vie !
C’est ainsi que l’écoute d’un son ou d’une musique provoque de multiples sensations ou états émotionnels : angoisse, peur, plaisir, courage, etc. Physiologiquement il y aura sécrétion d’hormones ou de neurotransmetteurs comme la dopamine (nommée « hormone du plaisir » car elle produit motivation, détente et harmonie) et de sérotonine qui gère les humeurs, la relaxation, la régulation du sommeil et certains aspects de l’appétit. La régulation émotionnelle a un ancrage physiologique concret. C’est la base des neurosciences. Cela n’empêche pas, au contraire, toutes les recherches, essais et incursions de soins d’harmonisation utilisant le pouvoir du son.
- La branche paramédicale de musicothérapie apporte des trouvailles solides et exceptionnelles. Preuves à l’appui.
- Le chant amateur, la psychophonie, la chorale et la simple chanson sous la douche ont démontré depuis bien longtemps leur influence bienfaisante.
- Les diapasons, les bols tibétains, les carillons, les bains de gongs ou la vraie musique bien choisie dans les Spas apportent régulièrement leurs effets positifs et ont des amateurs avertis et convaincus.
Tout cela mérite une véritable exploration. Quel plaisir !
D’autres articles sur ce blog sur des sujets analogues
Elixir Haut Louise Vertigo : https://wordpress.com/post/wellnessbygalyaortega.com/211
La musique dans les Spas : https://wordpress.com/post/wellnessbygalyaortega.com/4