
Elle a les yeux couleur d’eau pure, un teint constellé de taches de rousseur, une silhouette diaphane, une douce voix musicale et pourtant lorsqu’on regarde Marie-Noëlle Veillet Berry, on ne peut que ressentir la force tranquille, la puissance féline et souple qui émane d’elle. Elle est à proprement parler, magnétique. À la voir passer dans les couloirs de la thalasso qu’elle dirige à Pornic, on est attiré par elle comme par un aimant. De toute évidence c’est une femme d’autorité, qui sait diriger, qui a vécu mais qui a su préserver sa part d’âme féminine, limpide et sereine. On sent la fidélité à ses valeurs les plus profonde et la magie est que, dans sa présence, on est immanquablement éveillé à soi-même, à ce qui compte vraiment et qui fait de la vie, un voyage qui a du sens, donne de la joie et du bonheur vrais.
J’ai eu envie de savoir, de rencontrer le mystère et d’en apprivoiser les clés.Quel est le parcours de cette femme qui est, à ce jour, une des références-clés dans le monde du soin, du bien-être et de la thalasso ?
Marie-Noelle Veillet Berry: A l’origine, j’étais esthéticienne, diététicienne et sophrologue à une époque où il était pour le moins rare de cumuler toutes ces fonctions. J’ai été la collaboratrice très proche de Maria Galland, grande dame de la cosmétique. Ce fut la base de ma formation, une école de rigueur dans la beauté et le soin.
Puis, j’ai été très attirée par Henri Chenot, qui était un précurseur dans la beauté et le bien-être puisqu’il intégrait la médecine chinoise, la connaissance des cinq éléments dans ses soins. Ce fut une étape d’ouverture énergétique et spirituelle exprimée dans l’accompagnement des autres. Chenot a quitté la France et j’ai continué ma route chez Phytomer (fabriquant de produits de soins à base d’algues et de composants marins) qui me demandait de créer une méthode de soins du corps avec leurs produits, associant la balnéo, les algues. C’était très bien. J’y ai appris les bases de la Thalasso côté matière première. Et tout naturellement la vie m’a apporté la gestion d’un centre de Thalasso, Perros Guirrec avec mon ex-mari. Tout était logique dans cette évolution. Le centre était déjà audacieux pour l’époque (1979) en plus des soins classiques, un bon sophrologue qui permettait aux curistes d’ouvrir leur esprit à l’origine de leur déséquilibre et de le traiter d’une façon plus holistique ; un acupuncteur pour des traitements plus énergétiques ; et pourtant les thalassos en France sont assez verrouillées du côté médical. Mais cela marchait bien et les gens étaient très contents. Quelques années plus tard, on est venu me chercher pour la création du centre de Thalasso à Pornic qui n’existait pas encore. Je l’ai créé de A à Z, l’idée était à peine en germe, nous y avons tout fait depuis les murs, l’installation, la gestion, le développement ; ceci pendant cinq ans. C’était une thalasso classique qui associait des massages un peu particuliers (Shiatsu, massage coréen, réflexologie, etc.) car j’estime que l’eau de mer ne peut pas faire autant d’effet sur un corps qui est bloqué énergétiquement ; les soins énergétiques ouvrent et libèrent ; on a alors des résultats bien supérieurs. C’est la base la plus simple de ma réflexion et de mon expérience.
Ensuite j’ai eu un épisode très court à Monte-Carlo et très vite j’ai été sollicitée pour l’ouverture d’un centre à Hammamet en Tunisie. Et puis ce fut l’étape Djerba où là aussi j’ai fait l’ouverture pour l’Athénée Palace qui n’était alors qu’un vaste chantier. On dirait vraiment que ma vie est ainsi : Partir de rien et créer des centres de Thalasso avec à chaque fois un esprit « spécial ». Peu de temps après ce fut le tour la Thalasso de l’hôtel Ulysse qui est l’établissement mitoyen que j’ai aussi dirige. Puis la vie professionnelle m’a fait un ultime clin d’œil car j’ai été appelée pour diriger l’hôtel et la Thalasso de Pornic où je suis actuellement.
Quel chemin ! On peut se demander comment quelqu’un peut suivre son fil intérieur avec autant de fidélité et surtout sans se laisser abattre par certains épisodes qu’on devine douloureux. On imagine à la source de toute cette harmonie, la puissance d’un modèle, la force d’un idéal. Qu’en est-il ?
Marie-Noelle Veillet Berry : J’ai eu beaucoup d’admiration pour une kiné qui habitait Lorient qui a été mon maître zen ; je pratiquais zazen avec elle, ainsi que des recherches dans la forêt de Brocéliande sur l’énergie. Ce fut une période d’initiation discrète, sans esbroufe. Cette femme n’est pas un personnage connu, c’est une femme très modeste, qui m’a beaucoup apporté. À part cela, je crois en Dieu, je médite, j’essaie d’aimer les autres au maximum et de leur apporter du bien-être. Cela commence par mon personnel : si mes employés sont bien, s’ils sont bien avec moi, si je les rends heureux, ils rendront heureux les clients. Ma quête est là. Mais ils me portent aussi. Sans eux je ne serai pas ce que je suis. J’ai aussi beaucoup d’admiration pour les grands êtres comme le Dalaï-Lama, le Pape. Pas pour leur fonction mais pour ce qu’ils sont personnellement.
Au-delà du modèle, le quotidien est quelque chose qui peut rattraper le plus éclairé des êtres. La gestion d’un lieu comme un centre de thalasso est très lourd, les enjeux financiers sont pesants, les soucis ne manquent pas.Alors, Marie-Noëlle Veillet a-t-elle une pratique personnelle une secret de ressource ?
Marie-Noelle Veillet Berry : Pratiquement tous les soirs, je ferme mon bureau et je vais nager dans la piscine d’eau de mer. Je me lave l’être tout entier dans l’eau de mer ; c’est comme un retour à la Grande Mère en même temps qu’un sport physique. Et puis je fais mes cures de thalasso ou de spas ici ou ailleurs. Je crois beaucoup à ce type de ressources car il y a des moments où le corps n’en peut plus. j’ai aussi ma maman qui a 90 ans, mes enfants et trois petits fils ; c’est très important pour moi. C’est ma source de bonheur.
Et pour résumer son idéal de créatrice et d’animatrice de lieux de bien-être ?
Marie-Noelle Veillet Berry : Je donne une âme à tout ce que je fais même les choses les plus ordinaires. Et puis tout simplement être à la bonne place à chaque instant. Lorsque je croise qui que ce soit dans un couloir du centre, je parle, j’écoute. Je donne un mot, une parole, une prière qui peut les aider, eux. Ce sont eux qui font leur route ensuite. Mais si je peux les aider à ouvrir leurs portes en étant là pour eux au bon moment, je suis heureuse.