Caroline Facy, une sensibilité à fleur d’éros

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J’ai connu l’existence de Caroline Facy il y a quelques années alors que je faisais des recherches sur la « sexualité sacrée ». J’ai découvert son podcast « Coclito ». Avec ce podcast Coclito, elle donne la parole à celles et ceux qui œuvrent pour une meilleure connaissance du clitoris et transforment en profondeur nos équilibres féminin-masculin. Le ton léger, authentique, sérieux mais qui ne se la joue pas, m’a beaucoup plu. Elle parlait du plaisir et de l’Éros comme composante intrinsèque de la vie.

Je l’ai suivie dans ses activités de sexothérapeute et de psychanalyste intégrative. Spécialiste du Genre comme approche systémique de la relation entre les femmes et les hommes, entre masculinité et féminité, entre le corps et l’esprit, entre l’intime et le politique, elle questionne nos équilibres de vie. Pour pulser au plus près de notre sensibilité, là où le cœur s’ouvre et crépite.

J’ai eu envie de vous la présenter. C’est une belle rencontre. Voilà sa parole :

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« Je suis passionnée par la question de la différence des sexes et de la relation entre les femmes et les hommes depuis toute petite. J’ai grandi dans une famille féministe, avec des hommes très supportives et j’ai eu la chance de commencer à travailler pour une grande chaîne de TV (M6) qui soutenait autant les femmes que les hommes. C’est en devenant maman que j’ai pour la première fois senti des inégalités patentes. Je me suis formée au coaching à HEC et fait mon mémoire de recherche sur la question du Genre en 2011. Depuis, je continue à explorer le Genre comme une question aussi existentielle que la vie et la mort. Le Genre interroge l’équation entre notre corps biologique (mâle ou femelle), notre éprouvé, et notre façon d’être dans cette alchimie de féminin et de masculin, de rôles modèles auxquels nous nous identifions. Cette énigme du Genre questionne l’ensemble de nos systèmes : intime, couple, famille, travail, société.

En 2017, on a offert en cadeau de naissance à ma fille, un doudou en forme de clitoris. Je me suis rendu compte qu’alors que je pensais plutôt bien le connaître, je ne savais finalement pas à quoi il ressemblait dans son ensemble ! Cela a été un déclencheur pour aller sur un terrain de recherche plus sensible. Pourquoi cette omerta sur le plaisir féminin ? Pourquoi manquons-nous de mots, de récits, de symboles quand il s’agit du sexe et du désir féminins ? De quoi cela nous prive tous.tes ?

J’étais déjà personnellement engagée dans un travail en psychanalyse, professionnellement j’accompagnais en qualité de coach et de thérapeute, et j’ai avancé sur le chemin de « la sexualité comme voie de la connaissance de soi, comme un chemin d’éveil et de beauté ».

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« Au cours du confinement, quand toute activité s’est suspendue, je me suis dit que c’était le bon moment pour me centrer sur ce qui compte : le clitoris. J’ai envoyé un synopsis à un ami, producteur de podcast et nous voilà lancé dans l’aventure COCLITO. L’idée étant de mieux se connaître afin de contribuer au bien-être, à la santé et à la poésie sexuelle. A chaque épisode, je donne la parole à des personnes très variées qui ont un propos et un parcours pour éclairer ce sujet en y mettant de la connaissance, du beau, du plaisir et de la poésie »

Je vous laisse découvrir ces podcasts qui ne sont pas anodins tout en état « rafraichissants ». Les contributeurs sont des gens passionnants.

Caroline Facy dit : « Il me semble essentiel de se retrouver autour de cet organe physique et symbolique, pour mieux nous comprendre existentiellement, relationnellement et sexuellement. Les enjeux sont de taille pour entreprendre ce voyage. COCLITO replace le clitoris au centre de notre vitalité et remue en profondeur notre rapport au plaisir féminin. C’est un RDV de re connexion à la puissance de cet organe trop longtemps ignoré, un appel à notre boussole de sensibilité et de force. »

A chaque épisode, Caroline, fondatrice d’AtoutGenre, coach en gender skills et auteure, donne la parole à celles et ceux qui œuvrent pour cette reconnaissance et pour ramener de la poésie dans nos relations intimes.

Caroline est aussi autrice du Clitoracle, un coffret constitué de 49 cartes illustrées par Marie Felix et un livret de décodage qui propose à toustes d‘explorer désir, sensualité́, sensorialité́, plaisir, spiritualité dans toutes les sphères de la vie pour inventer ensemble un langage de l‘amour, une sensorialité du cœur.

Sur le principe cela paraît simple : OUI ou NON. Sauf que…. Non. Pas si simple. « On est passé très vite ces dernières années de « qui ne dit mot, consent » à « seul un oui est un oui ». Le consentement fait débat et permet de libérer la parole. On en peut que s’en réjouir. Il réclame de clarifier ce que notre société tolère – encore – ou réprime – enfin -.

Et comment elle va prévenir et éduquer l’expression de nos désirs sans les écraser dans des contrats ou des tableaux excel. Or dans quels espaces prenons-nous le temps d’écouter nos désirs, de les exprimer et de consentir vraiment avec nos sens et notre conscience ?

Le consentement oui, l’effacement de nos désirs et de nos sensibilités, non !

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La thérapie nous accompagne et nous en disposons sous plein de formes. Psychanalyses, psychothérapies, thérapies brèves, développement personnel, etc. Caroline Facy qui a exploré tout d’abord pour elle-même, s’est orientée et affirmée dans diverses voies thérapeutiques où son tempérament peut s’exprimer en s’appuyant sur une compétence solide.

Caroline s’inscrit dans un courant intégratif, elle s’est construite elle-même avec son expérience de femme, de mère, de manageur, la psychanalyse, la danse, le chant et des thérapies corporelles (ostéopathie, réflexologie, soins énergétiques). L’intime, la sexualité sont à la croisée de nos paradoxes, que dans cet espace, notre bibliothèque à mémoire sensible transgénérationnelle est convoquée, attendue et provoquée dans cette rencontre intime avec soi (d’abord) et avec l’autre (à l’occasion de la rencontre avec cet autre). Nous sommes, là dans cette charnière entre conscient et inconscient. C’est par là que passe la possible libération des traumas et aussi du plaisir et de la joie.

« Trouvons à la sexualité une place qui la considère, un espace plus juste, plus simple, plus doux, plus beau plutôt que de continuer à la diaboliser, la banaliser, ou l’idéaliser. Positionnons-nous vraiment, décidons de notre considération sexuelle sensuelle et sensorielle envers nous-mêmes. »

Elle explique qu’en sexothérapie, le corps est le grand sage : il ne ment pas et nous informe de nos éprouvés. Dans son travail, elle recentre sur le rapport à l’éros (dans le sens de bassin de vitalité). Créer les ponts pour mieux se comprendre et vivre ses relations. « Quel sens est-ce que je donne à mon plaisir, à mon désir, à ma vie intime ? » Il s’agit de re trouver sa boussole de vie, de donner du sens à ses sens.

Il implique un travail au long cours d’apprentissage sensible et de distanciation nécessaire entre nos pulsions et nos passages à l’acte, de danse suave avec nos fantasmes, pour mieux comprendre ce qui se joue en nous et dans la relation, et comment nous le manifestons. »

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Nous sommes actuellement dans une charnière de conscience sociétale de ce qui touche à la Burn out, au genre et au vivant. Caroline partage avec nous sa perception de la situation en pleine mutation.

« Nos – tout petits – enfants ont accès en deux clics à des films pornographiques ou à des viols en live. Et ou, c’est au choix. Cela doit nous interpeler.

Burnt out, montée en flèche des familles monoparentales en surcharge (sureprésentées par les femmes), éco anxiété, harcèlement à l’école, et voilà qu’arrive le chantier santé mentale comme grande cause nationale 2025. L’organisation du travail et de l’école ne permet pas d’avoir une vie équilibrée. Cette course folle après le temps et la productivité s’emballe avec notre inter dépendance au numérique. On vit avec la machine qui connait nos moindres secrets et qui nous fait croire à une infaillibilité du tout tout de suite, au risque de tomber dans un « oui non » binaire, et d’assécher notre mémoire poétique là où nous avons enregistré l’empreinte du beau dans notre vie. Cette mécanique de la compulsion rajoute à la confusion dans notre rapport au plaisir authentique. Shootés à l’instantannéïté, à deux doigts de laisser Chat GPT sauter dans notre lit, nous supportons mal la frustration et la perte. Pourtant c’est dans cet espace-là, dans cette acceptation du manque et du vide que le désir, la rencontre avec l’autre, la création deviennent possibles. Posons-nous, ralentissons, créons ces endroits encadrés par une « roue du consentement » (Betty Martins) agile, pour pouvoir depuis nos corps, écouter nos besoins, exprimer nos chagrins, nos doutes, nos révoltes, nos émerveillements, nos intuitions, nos rires, nos rêves. Accompagnons nos enfants à prendre soin de ce qui fait le terreau sensible de notre humanité.

Je m’inquiète de cette « théorie du Genre » qui est utilisé pour alimenter des oppositions de morale, conforter des positions binaires aux dépens du Vivant et finalement détourner l’attention de ces questions existentielles posées par le Genre : mon corps, mon existence, ma relation à l’autre, le désir, l’amour…

Les signaux sont au rouge et… au vert, pour nous saisir à bras le corps de notre éducation sexuelle sensorielle et existentielle, de notre éveil à la vie intime, comme à la racine de notre bienêtre, de notre bonne santé, pour cultiver ce que la libido comporte de meilleure (vitalité créativité joie) et déblayer ce qu’elle a de pire (violence domination).

Cela suggère un changement de paradigme fondé sur la paix des sexes et la beauté du sexe, la danse sensuelle, l’harmonie des genres, la symphonie du vivant, une « médecine » du mouvement. Une invitation à considérer la sexualité et l’intime comme un espace de connexion à soi et au monde, au cœur de notre vitalité et de notre bien-être, le bassin de nos ressources. »

Elle anime des stages « Eros, nous voilà ! », « Santé et poésie sexuelle » et « Sexe, fric et engagement », pour ouvrir une ère où nos libertés dans la rue, à l’école, au travail, en famille et dans l’intimité́ seront l’expression d’une éducation joyeuse et sensuelle au consentement. Elle consulte en cabinet à Garches (92), en visio et en marchant.

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