

Il est des poésies rares, magiques, étonnantes qui, sans que nous l’ayons senti venir, nous touchent profondément. Touché ! Je ne comprends pas comment, ni pourquoi. Je ne suis pas transporté par la description d’un paysage magnifique, pas même ravi par des jeux de couleurs ou l’évocation de parfums et d’arômes… aucun souvenir en moi ne fait écho au lyrisme d’un vers bien tourné. Non, rien de tout cela avec la poésie de Bashô. Vous êtes pris dans un évènement instantané. Ça vous arrive maintenant, ici, pour de vrai et ça résonne en vous de manière forte et mystérieuse. Touché, oui et droit au cœur, directement.
Glace nocturne
La cruche qui éclate
Me réveille
Bashô, poète japonais du 17ème siècle, est le maître du Haïku. Le haïku est une forme de poésie très brève (trois lignes, dix-sept syllabes !). Ces précieuses dix-sept syllabes sont partagées en 5 sur la première ligne, 7 sur la deuxième, et 5 sur la troisième. Bien plus que la simple description d’un évènement, chaque haïku cristallise un sentiment, une émotion éprouvée à la vue d’un paysage, au contact d’une situation. Entre description et méditation les quelques mots du haïku dévoilent le sens et le met en valeur.
Je lève la tête
L’arbre que j’abats
Comme il est calme (Issekiro)
Le haïku japonais peut apparaître comme « une immense pratique destinée à arrêter le langage », ou comme une « suspension panique du langage » (Roland Barthes, L’Empire des signes). « Sa brièveté », ajoute Barthes, « n’est pas formelle ; le haïku n’est pas une pensée riche réduite à une forme brève, mais un événement bref qui trouve d’un coup sa forme juste ». Le Haïku apparaît, en effet, dépourvu de centre comme de sujet. Comme dans les Cent Mille Milliards de poèmes de Queneau, il laisse de côté l’ego : c’est un énoncé sans « je ».
Silence
Le bruit d’un oiseau
Sautillant sur les feuilles mortes (Ryushi)
Dans la poésie de Bashô, comme dans celle de ses disciples, les mots sont simples, dépouillés de tout superflu et vont droit au but avec une sensibilité particulière. La sensibilité à l’instant, et à sa beauté, reflétait toujours chez le poète sa conscience du mortel et de l’immortel. Par exemple, voici l’un de ses haïkus intitulé « Chanté sur le Cheval » :
Du bord du chemin
L’hibiscus par le cheval
S’est laissé brouter
Le poète est sur son cheval ; tout à coup, le cheval aperçoit une fleur au bord du chemin, et il la dévore. Surpris par le geste brusque de son cheval, le poète, lui aussi, aperçoit la fleur et sa beauté à l’instant même de sa disparition. Et cet autre Haïku :
Une vielle mare
Une rainette en vol plongeant
Et l’eau en rumeur
Ici se manifestent à la fois la coexistence et l’opposition entre l’éternel (l’immuabilité de la vieille mare) et l’instantané (le « ploff ! » de la grenouille). Et c’est en apercevant cette beauté de la vie instantanée de la grenouille que le poète s’aperçoit de l’immuabilité, voire de l’existence immortelle de la vieille mare qui pourtant se brise avec le « ploff ! ». Ainsi l’instant révèle au poète l’éternité, mais de manière contradictoire, sous forme de sa disparition, comme quelque chose d’impossible à atteindre.
Le secret de l’efficacité

Les pratiquants d’arts martiaux se retrouvent en terrain connu : la sobriété, le dépouillement du zen, la cérémonie du thé, le seiryukô zenyô (minimum d’effort, maximum d’efficacité) de Jigoro Kanô, créateur du Judô. Je me souviens encore des paroles de mon maître de Judô, Igor Corréa. J’ai commencé à pratiquer avec lui il y a quarante ans et je l’ai toujours vu chercher cette pureté du mouvement. J’ai été le témoin de ses transformations vers toujours plus de simplicité, d’élégance et d’efficacité. Vers la fin de sa vie, à l’âge de 80 ans, il était arrivé à un niveau de maîtrise impressionnant, non pas dans le spectaculaire et la démonstration d’habileté, mais dans l’utilisation de gestes simples, discrets, presque insignifiants mais d’une redoutable efficacité, tant dans les projections du judô « debout », que dans le Ne-waza (le combat au sol). Comment pouvait-il nous transmettre ces subtilités, alors que nous étions enclins à tirer et à pousser au lieu de bouger dans le rythme de l’adversaire, au lieu de l’accompagner en harmonie pour mieux le « transformer » ? C’était sa préoccupation. Je me souviens qu’un soir, assis sur les bancs oranges du vestiaire du dôjô du Marais, il se passa la main sur le visage (comme à chaque fois qu’il était « embêté ») et, après un silence où il laissait venir l’essentiel, il ramassa en quelques mots tout son art, le résultat de toute sa recherche. A la manière de Bashô, il nous dit :
Avec votre corps et votre esprit
Agissez directement
D’un seul mouvement
Dans une seule direction

Ces mots simples et clairs peuvent apparaître au néophyte comme de peu d’intérêt, ou marquant une telle évidence que… mais, pour un pratiquant sincère, ils constituent un « secret », au sens où l’entendaient les maîtres d’arts martiaux. Quand cela est dit, tout est dit.
Quand Bashô capte une vérité fugitive qui surgit à la contemplation d’un évènement ou d’une scène de la nature et la glisse entre quelques vers de Haïku, il use du principe d’élégance, celui d’un minimum d’effort pour un maximum d’impact. Confronté, j’imagine, à la même difficulté que mon maître : celle d’exprimer sans dire ou presque, de communiquer le sens intime d’un évènement, ce qu’il éprouve et qui est indicible, il ne peut rester accroché à la lettre. Il parle avec les mots du mouvement et du cœur, les mots de la vie même. En faisant appel à notre sensibilité, il utilise une poésie de l’allusion et du non-dit. Il s’efforce d’exprimer simplement la beauté contenue dans les plus simples choses de la vie.
Paix du vieil étang
Une grenouille plonge
Bruit de l’eau
Embardées minuscules de l’esprit, fluidité des images-sensations, caractère d’évidence qui soudain nous permet de lâcher la tension, une constante possibilité de l’ouvert, on le sait, on le sent… Des agencements subtils mariant fraîcheur, délicatesse et douce ironie, une saisie de l’instantané…
La fraîcheur
J’en fais ma demeure
Et je m’assoupis
Mille poèmes dans le vent

Des milliers de Haïkus, des méditations poétiques et des carnets de voyage (Kikos), l’œuvre de Bashô est immense. Son œuvre et sa vie sont une seule chose. Il ne fait pas de la poésie, il est poète. Fils de samouraï, Matsuo Munefusa, dit Bashô, est né en 1644 près de Kyoto. Dès l’âge de treize ans, il est initié à la poésie, puis il occupe plusieurs emplois administratifs. A trente-sept ans, il prend l’habit de moine et se retire dans un monastère pour y pratiquer le zen. La pensée du philosophe chinois Tchouang Tseu (4ème siècle av. J.-C.) le marqua sans doute à cette époque. Comme Bashô, Tchouang-Tseu prônait un contact intime avec la nature et une harmonie spontanée avec les évènements les plus simples de la vie. Déjà maître reconnu de Haïku, Bashô choisit de quitter la vie mondaine et d’abandonner sa carrière pour se retirer dans l’Ermitage-au-Bananier (Bashô-an), ce qui lui valût son nom de plume. Il éprouvait le besoin de vivre son art totalement, de vivre, selon son expression, la Voie de l’Elégance (Fûga-no-michi). Il créa son école, le Shomon et partagea son temps entre la méditation poétique à l’ermitage et les nombreux voyages qu’il entreprenait pour se rendre dans les diverses provinces où ses disciples enseignaient son style. Par exemple, Hasuo :
Tout en larmes
Assis il raconte
Sa maman l’écoute
Bashô ne recherchait ni le succès, ni l’argent. Choisissant une vie d’honorable pauvreté, il considérait la vie comme une suite de voyages qu’il faisait la plupart du temps en solitaire. Les paysages qu’il découvrait lui inspirèrent de magnifiques poèmes consignés dans ses nombreux carnets de voyages. Entouré par ses disciples, il meurt en 1694 ; cette année-là Voltaire voyait le jour. La légende dit que ses disciples le pressèrent d’écrire un dernier poème. Il prit sa plume… puis il dit : « Toute ma vie j’ai écrit chaque poème comme si c’était le dernier. » Et il reposa sa plume.
Un homme, un style

Dès le 15ème siècle, au Japon, les styles littéraires ont subi de profondes mutations. Le Haïku est né de ces mutations. A cette époque, la forme poétique nommée Renga était la plus répandue. Le Renga est un poème produit collectivement par plusieurs auteurs. Les membres ajoutent alternativement des versets de 17 syllabes (5, 7 et 5 syllabes) et de 14 (7 et 7 syllabes), et achèvent un poème composé de 100 versets. Le Renga était un genre littéraire de haute tenue. Au 16ème siècle, au lieu du Renga, c’est le Haïkaï – poème humoristique – qui est devenu populaire. Le Haïkaï (Haïkaï-renga) est un poème construit de versets de 17 et de 14 syllabes comme le renga, mais il parodie le Renga en introduisant des blagues vulgaires à la mode. Les poètes de haïkaï se sont servis de jeux de mots et ont traité des choses de la vie quotidienne auxquelles le renga ne s’intéressait pas. Le premier verset (17 syllabes) du renga et du haïkaï est appelé « Hokku ». Les poètes de Haïkaï ont commencé à présenter leurs Hokkus comme les poèmes indépendants, ce qui est l’origine du haïku. On demandait, selon la tradition, d’adopter dans le premier verset du Renga et du Haïkaï, un Kigo (mot de saison). Un mot suffit pour insinuer la saison. La feuille d’érable évoquera l’automne, les fleurs du cerisier le printemps. Donc, la règle a été d’introduire un Kigo dans tout Hokku (et dans tout Haïku). Enfin, de nombreux poètes tenaient des Kikos ou carnets de voyages. Il s’agit de journaux poétiques, écrits dans une prose rythmée, entrecoupée de Haïkus, qui en quelques syllabes suspendent le temps du récit. Le Haïku signale un instant particulier. Le poète, portant une extrême attention à la nature, l’écrit au moment où il vit cet instant et nous invite à allier l’essentiel à l’accidentel. Au moment même de la lecture du Haïku, nous revivons l’évènement, instantanément.
J’éternue
Et perd de vue
L’alouette (Yayû)
Nous goûtons, par delà l’espace et le temps, un moment d’éternité, une réalité partagée. Le poète révèle l’instant dans sa pureté.

Pour obtenir un impact fort, les règles de l’art ici sont précises : pas de métaphore, juste partager simplement et spontanément ce qui se passe ici et maintenant. Bashô enseignait par l’exemple, mais ses disciples ont dégagé les principes de son art qui, tous, découlait d’un principe central : Fueki-Ryuko (Invariance et Fluidité). La Fluidité est celle du temps qui coule et qui nous échappe ; en nous mettant d’emblée en contact avec la beauté éphémère, le poète nous offre un instant de vérité et de vie. L’Invariance : c’est la part d’éternel ; celle qui permet la continuité du vivant, de la nature. Cette part que nous portons en nous et qui nous permet, par exemple aujourd’hui, à une distance de plus de trois siècles, de vibrer à l’unisson avec le poète, et baigner dans la même émotion. Le style nouveau qui caractérise son école est le style Shôfu. Celui-ci peut se définir par quatre mots :
Sabi : c’est la recherche de la simplicité et la conscience de l’altération que le temps inflige aux choses et aux êtres. Shiori: il s’agit des suggestions qui émanent du poème sans qu’elles ne soient formellement exprimées. Karumi : l’humour qui allège du sérieux et de la gravité. Hosomi: l’amour des choses humbles et la découverte de leur beauté.
Une luciole
Eclaire
Une autre luciole morte
Art minimal

Comment sommes-nous en contact avec le monde ? Au-delà des règles et du style, ce qui différencie un peintre d’un autre peintre, un poète d’un autre poète, c’est le regard. De tout temps, l’artiste semble être en prise avec la difficulté de partager son expérience ; et son expérience c’est de vivre la beauté, la pureté, la grandeur, la vérité. Parler de la beauté n’est pas vivre la beauté. Comment dessiner la vérité, la pureté ? Il est des moments où nos moyens de communication paraissent dérisoires face à la complexité et à la subtilité des émotions, et des états de conscience que nous pouvons vivre. Nous retrouvons ici la discipline de Bashô, ses préoccupations, les règles qu’il a inventées pour développer son art. L’histoire nous montre que d’autres artistes, sinon tous les artistes, ont constamment cherché cette pierre philosophale de l’expression parfaite. Si mon expression est identique à mon impression, il n’y a pas de décalage. Fantasme ? Illusion ? Ce que je vis intérieurement est unique et intransmissible. Les points de vue sur ces sujets sont variés. Quittons le Japon du XVIIème siècle un instant pour constater qu’en occident, chez les « minimalistes » par exemple, l’expérience esthétique est devenue impossible. Nous retrouvons, chez les peintres de ce mouvement artistique de l’après-guerre, des formes épurées jusqu’à la disparition de toute expression. Les matériaux utilisés par l’artiste sont du registre de l’impersonnel. Ils sont puisés dans les produits industriels et manufacturés (Briques, poutrelles métalliques, baignoires…). La neutralité de l’intention esthétique est la règle. Ainsi, l’œuvre perd de sa signification en soi pour s’intégrer à la sensibilité du spectateur et le transformer. Nous sommes ici tellement proche du résultat atteint par Bashô. L’artiste a même cherché à dépasser ce point à partir duquel il n’existe plus (le « je » est absent), le support n’existe plus (il est banalisé et disparaît) ; seule existe la pure expérience esthétique. Par exemple, Barnett Newman, peintre des années 5O, cherchait à atteindre la peinture absolue, une peinture qui est à elle-même sa propre réalité ! C’est un peu comme s’il était possible de court-circuiter la représentation que nous nous faisons de la réalité (la fameuse réalité du second ordre des systémiciens) pour accéder directement au réel. On reconnaît bien là l’humain et sa quête de vérité, sa recherche, pathétique parfois, d’éprouver la réalité, la vraie ! Il ressent une grande frustration à vivre dans Maya, l’illusion ; à ne percevoir qu’une représentation de la réalité et non la réalité elle-même. Alors, il fait du zen, il fait des expériences mystiques, métaphysiques et spirituelles, il médite, il prie… L’artiste du Mouvement Moderne lui aussi cherche ce contact direct dans une relation à quatre : l’artiste, l’œuvre, le spectateur… et l’expérience du réel. Comment tenir liés ensemble et intimement ces quatre éléments comme le sont la terre, l’eau, l’air et le feu dans la nature vivante ? Marcel Duchamp a été l’un des premiers à dénoncer la limitation du seul « plaisir des yeux ». Il a ébranlé les valeurs esthétiques sur lesquelles Cézanne et ses héritiers cubistes, puis abstraits, ont voulu construire l’Art Moderne et a préféré, comme Man Ray, prendre le risque de l’Anti-art. Le décalage avec le lyrisme des courants dits classiques est tout à fait étonnant, et c’est ce qui fait sa force. On attend le convenu, l’expression figurative, l’émotion déclarée. On a besoin d’images, de sons pour se représenter ce qui se passe, pour ressentir à notre tour. Par exemple, ces vers de Verlaine : « Les sanglots longs des violons de l’automne blessent mon cœur d’une langueur monotone. Tout suffocant et blême, quand sonne l’heure, je me souviens des jours anciens et je pleure ». L’invitation est puissante. Et fort est le décalage avec, par exemple, ces vers de Bashô :
Devant l’éclair
Sublime est celui
Qui ne sait rien !
Ou ces vers de Buson :
Lune froide
Le gravier crisse
Sous la chaussure
Tous artistes

Il est intéressant ici de mesurer la richesse qu’apporte la différence de style. C’est une autre Voie, un autre regard. On retrouve chez les minimalistes, comme chez Bashô, le minimum d’intervention, l’absence d’expression de l’émotion, la sobriété. Toute trace du créateur, tant physique que morale étant éliminée, la question figurative étant écartée, le support (pâte, peinture, pierre, mots, sons…) étant dissous, la forme étant évincée, seule demeure en contact avec le spectateur l’expérience esthétique réelle. La transformation directe du seul sujet sensible et actif, le lecteur-spectateur est alors possible.
Ni grande ni belle
La petite maison
Ah ! Mais cet air d’enfance (Arzan)
Le sujet résonne au lieu de raisonner, il va « finir » l’œuvre : on ne lui transmet pas des émotions, il les « fabriquent » à l’instant même. On ne lui communique pas d’images, fussent-elles belles et romantiques ; il crée ses propres images, entend ce qu’il y a à entendre… En fait, il « fait l’artiste » et le tour est joué ! Objectif atteint : TOUS ARTISTES ! Pourquoi des intermédiaires ? L’humilité de Bashô (c’est l’une de ses « règles ») va jusque là : s’effacer devant, ou au profit de l’autre ; viser le bien-être de l’autre avant le sien ; être dans cette générosité, dans ce souci du plaisir de l’autre ; être dans ce respect et cette reconnaissance du pouvoir de ressentir et de créer de l’autre… bref, assisterions-nous là à la naissance d’une espèce d’artistes « bizarres » : pas narcissiques, peu soucieux d’esthétique, ne recherchant en aucun cas la renommée ou la gloire, et encore moins la fortune, mais au contraire, des artistes authentiques, des humains parmi d’autres humains, modeste au regard des merveilles de l’univers et de la nature… Oui, ces artistes existent ! J’en ai rencontré. Bashô n’a pas été un homme créant quelque chose qui n’existait pas. Il serait long de le démontrer ici, mais c’est une évidence de constater que l’humanité cherche constamment ce fameux contact direct avec le Mystère, la Vie, la Mort, le Réel…qui toujours échappe, et c’est ce qui nous motive. C’est, semble-t’il, ce qui a motivé Bashô, comme d’autres avant et après lui. Nous en voulons pour preuve ces disciples intemporels du maître du Haïku. Je vous propose donc, en guise de conclusion provisoire, ces quelques poèmes venus de nos banlieues, de nos régions, de nos frères et sœurs du monde entier, tous unis sous le même ciel.
Sarah L. Enfant-artiste de l’école d’Hénouville nous offre ce Haïku :
Les feuilles tombent
En couleurs différentes
Qui mélangent la vie
Alain Kerven, Haïkiste breton :
Plastiques et vieux bidons
La mer
Clochardisée
Maria Santamarina de Buenos Aires :
Arbre en automne
Les feuilles cachées
Dans les racines
Nediljko Boban, conseiller juridique à Zagreb :
La toile du peintre
Le garçon peint avec ses doigts
En suivant le pinceau de sa mère
Et ces cadeaux, tellement vibrants, universels ; des Haïkus que vous auriez pu écrire, que vous pouvez écrire. Ces poèmes que Bashô nous a transmis discrètement, ces Haïkus que nos enfants écriront sûrement :
Cannetons se dandinant
Criards et joyeux
Ecole de voile le jeudi
Et celui-ci :
La radio est éteinte
Derrière peut-être
Une musique sublime
Cet autre encore :
Impossible d’enfiler
Le fil dans l’aiguille
Je contemple le ciel bleu
Solitude
Comment conclure un article aussi sensible ? Peut-être en vous invitant à vous amuser, à découvrir et à pratiquer l’art du Haïku. Tous artiste ? !
A vous de jouer. Et moi :
J’écarte mes cinq doigts
Histoire de voir
Jean-Marc Ortéga
Jean-Marc Ortéga est écrivain et psychothérapeute. Il enseigne le Mouvement Spontané au sein de l’École Troisième Souffle.
Bibliographie
Aux éditions Verdier
Cent onze haïku, 1998
Sac à charbon, Publications Orientalistes de France, 1993
Les Quatre saisons, Publications Orientalistes de France, 1992
Dix kasen, Publications Orientalistes de France, 1992
Friches : les sept livres, Publications Orientalistes de France, 1992
À Kyoto rêvant de Kyoto, Moundarren, 1991
La Calebasse, Publications Orientalistes de France, 1991
Jours de printemps : haïku 1988 ; Publications Orientalistes de France, 1991
Journaux de Voyage, Publications Orientalistes de France, Paris, 1988
L’Ermitage d’illusion, La Délirante, 1988
La Lumière des bambous, Folle Avoine, 1988
Jours d’hiver, Publications Orientalistes de France, 1987
Le Manteau de pluie du singe, Publications Orientalistes de France, 1986
Cent cinq haïkaï, La Délirante, 1979
Autres références :
« Fourmis sans ombre » Le livre du haïku, Maurice Coyaud. Editions Phébus Paris
Umberto Eco, La production du signe, éditions Librairie Générale Française, 1992.
F. de Saussure, Cours de linguistique générale, éditions Payot, 1955.
Marcel Duchamp, Duchamp du signe, éditions Flammarion, 1975.
